Position:
18°64' Nord
37'27 degrés Ouest.

Supertaff mesure quarante-deux pieds, pèse près de treize tonnes et date fièrement des années 1970. Elle a été construite à une époque où la fibre de verre était moins chère et où l'on ignorait quelle quantité de ce matériau utiliser pour assurer la durabilité des bateaux. Ici, elle a besoin de pression pour se déplacer et d'élan pour être performante. Si le vent faiblit, elle ressent chaque nœud manquant.

Cette réalité recèle une leçon simple : la plupart des milles parcourus en mer sont perdus à force de s’arrêter et de redémarrer. Si vous maintenez le bateau en mouvement, une voie finira par se dessiner. Il en va de même en affaires. On prend rarement du retard par manque d’idées ; on en prend parce qu’on s’arrête, qu’on hésite ou qu’on remet les choses à plus tard trop souvent. Vingt-cinq ans d’existence de Boatshed nous rappellent constamment l’importance de persévérer suffisamment longtemps pour que la voie se révèle d’elle-même.

1. L'élan est un choix, pas un don.

Supertaff a besoin de dix nœuds de pression pour se sentir pleinement vivante. En dessous, le mouvement reste primordial. Un nœud, deux nœuds, trois nœuds, peu importe. Les vents légers ne sont pas un échec. C'est une période où la patience est de rigueur et la régularité essentielle.

Un nombre surprenant de personnes ont du mal à accepter la lenteur des progrès. Elles veulent du vent ou des raccourcis. La navigation hauturière n'en offre que peu. Il en va de même pour la création d'une entreprise pérenne. Faire avancer les choses, même petit à petit, est plus productif que d'attendre des conditions plus favorables.

C'est le principe fondamental de Boatshed. La dynamique à long terme est efficace. La pensée ponctuelle, non.

2. Les décisions sont prises avec des données imparfaites.

Chaque matin sur l'ARC, on compare les prévisions. Elles divergent. Les modèles évoluent. L'un annonce plus de vent, un autre moins, et un troisième propose une vision totalement différente. Au large, il faut choisir un cap et s'y tenir. La certitude est un luxe. Progresser, c'est prendre des décisions.

Il en va de même dans le monde des affaires. Les entreprises peuvent stagner, non pas par imprudence de leurs dirigeants, mais parce que beaucoup attendent des données qui ne seront jamais parfaites. En offshore, on ne peut pas se permettre d'attendre trop longtemps. Ce même biais est également fréquent à terre.

C'est là que Nigel intervient. Il fait office de filtre sur le plan technique, transformant la complexité technique en quelque chose de compréhensible par des personnes comme moi. Il ne remplace pas le jugement, mais il fluidifie le processus pour que les décisions soient prises plus rapidement.

Muriel joue le même rôle en matière de communication. Elle transforme le flou en clarté et traduit le jargon des fondateurs en un langage compréhensible par toute l'équipe de Boatshed et le public. Lorsque les signaux sont clairs, l'organisation tout entière fonctionne avec plus de fluidité.

Les bons systèmes ne vous noient pas sous un flot de bruit. Ils permettent au bateau de continuer à avancer.

3. Un leadership sans crier

On n'a jamais crié à bord du Supertaff. Non pas parce que nous sommes particulièrement doux, mais parce que les cris sont presque toujours le signe d'un manque de leadership en amont. Si quelqu'un a besoin d'être réprimandé en pleine manœuvre, c'est généralement que le plan n'a pas été compris avant que la pression ne se fasse sentir.

Sur certains voiliers de croisière et de course où j'ai navigué en équipage, les cris sont monnaie courante. Cela devient presque un spectacle. En haute mer, avec un équipage réduit et une longue distance à parcourir, ce genre de spectacle est dangereux. Un cockpit calme favorise des réactions plus rapides et plus précises.

Boatshed fonctionne selon le même principe. Si une équipe ne comprend pas la direction à suivre, ou refuse de la suivre, l'entreprise perd en efficacité de mille manières. La délégation échoue. Les systèmes se chargent d'un poids émotionnel pour lequel ils n'ont pas été conçus. La plateforme de courtage modulaire ne fonctionne que parce que chacun connaît son rôle et que la plateforme prend en charge la majeure partie des tâches. Le calme est préférable à la force. La clarté est préférable au brouhaha.

Où tout cela nous mène-t-il ?

« CEO at Sea » est simplement une façon de noter ce que les voyages en mer m'apprennent sur la gestion d'une entreprise. Les mêmes schémas se répètent sans cesse. La dynamique est essentielle. Les données sont rarement claires. Les équipes sereines sont plus efficaces que les équipes agitées. Rien de tout cela n'est théorique. C'est simplement ce qui devient évident lorsqu'on passe suffisamment de temps en mer.

BoatshedBusiness.com est la concrétisation de cette philosophie. Une plateforme de courtage modulaire à laquelle particuliers et entreprises peuvent se connecter sans avoir à tout réinventer. Son efficacité repose sur des fondements éprouvés.

BoatshedLabs.com est le site où se déroulent nos expérimentations. L'application de navigation de plaisance, l'outil météo personnel que nous avons développé lors de cette traversée, et nos prochains projets font partie d'un écosystème technologique marin plus vaste, qui se construit progressivement. Ces outils sont ouverts à la collaboration. Nous recherchons des partenaires désireux de participer activement à leur création et d'en être copropriétaires, et non de se contenter d'observer de loin.

Voilà le sens de notre progression. Un progrès tranquille, une dynamique constante, et une plateforme plus large qui se dessine en parallèle de la navigation. Le bateau continue d'avancer et la route se précise à mesure que nous avançons.